Argentine - 3


Argentine - Santa Cruz / Chubut / Rio Negro / Neuquen
26 Dec 2024 25 Jan 2025
Thierry 25 January 2025  -   -   -   -   -  Lecture ~ 50 min.
Le tracé représente notre parcours - 2015/16 - 2017 - 2018 - 2018/19 - 2019/20 - 2022 - 2023/24 - 2024/25

Argentine - 3

Cet article couvre la période du 26 décembre 2024 au 25 janvier 2025, au cours de laquelle nous sommes rentrés de nouveau en Argentine depuis le Chili. Nous avons emprunté la mythique Ruta 40 qui nous a fait traverser de fabuleux paysages et parcs nationaux. Nous avons également fait une petite incursion de deux jours au Chili pour visiter un site remarquable.

26 décembre

Nous passons la frontière physique avec l’Argentine et rentrons dans la province de Santa Cruz. La route bétonnée se transforme immédiatement en piste, pas trop mauvaise. Les formalités argentines sont rondement menées, mais nous sommes étonnés car notre TIP pour Thor ne nous est délivré que pour 3 mois au lieu de 8 habituellement…

Nous roulons toute la journée sur la Ruta 40, route mythique de 5224 km qui traverse l’Argentine le long de la cordillère, du Nord au Sud. Pour les Argentins c’est un peu leur route 66, ruta madre. Cette portion de route est assez monotone jusqu’à notre arrivée au dessus de la région de El Calafate où nous dominons toute la plaine avec une vue sur l’immense Lago Argentino, le plus grand lac de la Patagonie. Nous arrivons en fin d’après-midi à El Calafate, nous commençons par faire des courses, Corinne retrouve les rayons de La Anonima avec tous les produits argentins. Le Calafate est le nom d’un arbuste à feuilles persistantes qui fleurit en octobre et donne des fleurs jaunes ou oranges et produit de petites baies bleu foncé qui sont utilisées dans toute la Patagonie pour confectionner des tartes ou le pisco “calafate sour”.

Nous traversons ensuite la ville et nous trouvons un bivouac tranquille pour la nuit.

27 décembre

Ce matin, nous traînons et préparons la suite du programme. En début d’après-midi, nous faisons le plein d’eau et d’essence dans une station YPF, on est heureux de retrouver de l’essence à moins de 0,80 € le litre, puis nous nous garons au centre et arpentons la rue principale de cette petite localité de 25000 Hbts qui vit principalement du tourisme. Les magasins sont très beaux et les bars, restaurants, agences d’excursions, d’équipements et de souvenirs s’enchaînent. Il y a effectivement beaucoup de touristes, le glacier attire énormément de voyageurs du monde entier. Nous faisons toutes les agences de Western Union pour retirer du cash mais elle sont toutes vides, incompréhensible!!!

Du coup nous prenons la route pour nous approcher de l’entrée du parc national, la route est superbe, elle longe l’un des plus grand lac d’Argentine. L’eau est d’un très beau turquoise, un peu laiteux, caractéristique des lacs alimentés par des glaciers. Dans cette région, ils sont plus d’une dizaine à l’alimenter. Nous entrons sur la péninsule de Magellan et allons jusqu’à la Punta Bandera, petit port sis au bord du lac et décidons de bivouaquer non loin pour la nuit.

28 décembre

Nuit hyper calme, nous avons été rejoints dans la soirée par deux autres vans de voyageurs. Ce matin nous partons de bonne heure et à 07h30, nous sommes les premiers devant la barrière de l’entrée du Parc National Los Glaciares - Zona Sur inscrit en 1981 au patrimoine mondial par l’Unesco. A 08h00, une garde contrôle nos pass annuels et nous pouvons entrer. Il faut parcourir encore 28 km à l’intérieur du parc avant d’arriver au parking du Glacier Perito Moreno. La route longe le lac qui est parsemé d’icebergs. Petit à petit apparaissent les montagnes puis le glacier, c’est vraiment magnifique.

Le Parc propose plusieurs circuits sur des passerelles fixées à flanc de montagne juste en face du glacier, deux compagnies maritimes proposent des excursions en bateau, l’une à droite du glacier et l’autre à gauche. On choisit celle de droite qui sera plus ensoleillée ce matin. Malheureusement Corinne ne peut pas emprunter ces passerelles, j’irai donc seul. En attendant l’heure, je fais un tour sur le premier circuit. Le temps est magnifique et le soleil inonde le lac, les montagnes et le glacier de lumière, pas un brin de vent. La croisière se fait à bord d’un catamaran à moteur qui longe les falaises de glace et fait quelques tours autour des plus gros icebergs. Le bateau ne peut pas trop s’approcher car le glacier est vivant, il craque, il tonne et de gros morceaux de glace tombent constamment dans le lac. Le bruit est assez impressionnant. Le front du glacier fait 5 km de large et 70 mètres de haut en son centre, véritable cathédrale de glace et 40 mètres en hauteur sur les côtés. Il y a par endroit une épaisseur de glace de 170 mètres. Avec le soleil, la glace prend des couleurs bleutées, c’est féérique. La virée dure en tout une petite heure. Le bar du bateau propose des boissons avec sur le comptoir un gros seau rempli d’éclats de glace provenant du glacier, sûrement vieille de plusieurs milliers d’années…

Le Glacier Perito Moreno est le plus accessible des 356 glaciers que compte le parc national. Contrairement à de nombreux glaciers, celui-ci avance toujours, plein Nord, d’environ 2 mètres par jour, 700 mètres par an. Il lui arrive de toucher la montagne en face de lui coupant ainsi le rio Rico qui alimente le lac Argentino. La pression de l’eau sur la glace finit par creuser un tunnel et ce jusqu’à ce que la voûte s’effondre, ce qui arrive environ tous les 4 ans. Actuellement le front du glacier est un peu loin de la rive. Il faut savoir que 97,5 % de l’eau sur la planète est salée. Sur les 2,5 % d’eau douce, 79 % sont stockées dans les glaciers, d’où leur importance. La zone antarctique représente 86,1 % de ce stock et l’arctique seulement 11,8 %.

Je passe tout l’après-midi à arpenter les différents circuits et passerelles qui permettent d’avoir une vision de l’ensemble du glacier et cela à différentes hauteurs, c’est vraiment très bien agencé et organisé avec de nombreux points de vue aménagés. Il y a énormément de visiteurs mais ce n’est pas gênant. L’appareil photo a chauffé encore aujourd’hui.

En fin d’après-midi, nous sortons du parc qui ferme à 18h00 et nous retournons à notre bivouac de la veille à l’Estancia Punta Bandera. Encore une journée inoubliable…

29 décembre

Ce matin “tranquilo” dans Thor, c’est dimanche… En début d’après-midi on retourne sur El Calafate. En route, nous nous arrêtons visiter le musée “Glaciarium” Museo del Hielo Patagonico qui a ouvert en 2011. Très beau bâtiment avec une scénographie très moderne, qui présente le fonctionnement des glaciers en général avec un focus sur ceux du parc national avec des photos, présentations, films, c’est très pédagogique. Si on le souhaite et moyennant quelques pesos en plus, on peut accéder au bar qui est entièrement fait de glace provenant du glacier, tout comme le mobilier, les verres… et les glaçons. L’atmosphère est maintenue à -10°, ils prêtent des équipements pour l’occasion. Au dessus, ils parlent d’écologie, du réchauffement climatique et du recul des glaciers et au sous-sols ils créent une immense chambre froide…

On finit la journée au supermarché La Anonima pour faire le plein car demain nous nous éloignons de la Ruta 40 pour nous enfoncer dans la partie Nord du Parc National Los Glaciares.

30 décembre

Ce matin, on se lève de bonne heure car je veux être à l’ouverture du Western Union pour retirer du cash, au fil des minutes la file grossit, le magasin ouvre pour nous annoncer qu’ils n’auront certainement pas d’argent avant mardi. Je fonce à une agence Correo Argentino et là idem le guichetier annonce qu’ils sont en rupture d’argent. On décide de partir quand même, on paiera avec notre carte N26 dont le taux de change n’est pas si mauvais que ça. Avant de quitter la ville, on fait le plein d’eau et d’essence et nous prenons la route direction El Chalten sous un ciel très menaçant.

On quitte la Ruta 40 pour la 23, nous entrons officiellement dans le Parc National Las Glaciares - Zona Norte puis arrivons en début d’après-midi, sous la pluie, à El Chalten, capitale argentine du trekking. Arrêt au centre des visiteurs des rangers pour récupérer un plan et des informations sur le parc puis nous nous posons sur une aire réservée aux camping-cars à l’entrée de la ville. On passe le reste de la journée à mettre à jour le site et à étudier les différentes randonnées qui sont proposées autour du célèbre Fitz Roy, massif montagneux dont le sommet éponyme culmine à 3405 mètres. Il porte le nom du capitaine Robert Fitz Roy, commandant le HMS Beagle et qui a visité la Rivière Santa Cruz en 1834. Il a été gravi pour la première fois par des alpinistes français en 1952.

31 décembre

Il a plu une bonne partie de la soirée et de la nuit mais ce matin le temps se dégage un peu. Dans l’après-midi nous allons discuter avec un parc ranger qui nous renseigne sur les meilleures randonnées à faire et surtout en fonction de la météo, quand les faire. Pour l’heure, nous faisons une petite randonnée de 5km qui nous mène au Mirador Los Condores. Le lieu offre une vue magnifique sur le massif qui est un peu pris dans les nuages, nous voyons 3 condors évoluer dans le ciel, ils planent de longues minutes sans un seul battement d’aile.

Ensuite nous faisons une virée dans ce petit village de 1800 âmes qui est assez récent puisque créé en 1985 et qui n’est devenue une vraie commune qu’en 2011 avec un premier maire élu en 2015. Vivant principalement du tourisme, la grande avenue abrite, magasins, bars, restaurants…

Ce soir, Corinne nous prépare un petit réveillon, à 20h00, minuit en France, nous appelons nos enfants et envoyons quelques voeux en attendant notre propre passage à 2025. Comme dit notre petit fils Théo : “mais alors vous vivez dans le passé ?” Juste après le coucher de soleil, les montagnes se dégagent un peu et nous offrent un beau spectacle.

01 janvier

Pour Noël, je suis monté aux Torres del Paine, pour le jour de l’an, ce sera Laguna Torre. Départ ce matin, à 06h30 sous un beau soleil, les montagnes sont magnifiques. Le ranger m’a bien dit qu’il ne ferait beau que le matin. La randonnée est très belle et traverse la forêt, longe la rivière Fitz Roy, grimpe dans les rochers, ça monte et ça descend, bref on ne s’ennuie pas.

A cette heure-ci, il n’y a pratiquement personne, nous sommes 6 en tout quand j’arrive au bout du lac Torre à la Playa de los Icebergs. La vue est un peu décevante, les montagnes, Cerro Grande (2751 m) et les aiguilles de granit, Cerro Torre (3133 m), Torre Egger (2685m) sont très belles mais le lac est marron en raison des sédiments avec quelques icebergs, on ne voit pratiquement pas le Glacier Grande. Du coup, je prolonge la randonnée jusqu’au Mirador Maestri. Là, ça grimpe fort mais quelle vue !!! on arrive en face et bien au dessus du glacier, pratiquement à l’autre bout de lac. Malheureusement, le temps de monter, le ciel s’est entièrement couvert de nuages, plus de soleil.

J’attends près de deux heures que le soleil reprenne un peu le dessus, la lumière, c’est la base, surtout en photographie, du coup le ciel se dégage un peu et l’appareil photo chauffe une nouvelle fois. Même si le glacier Grande n’est pas du même niveau que le Perito Moreno, c’est toujours un très beau spectacle, rare. Quand je redescends vers midi, je vois qu’il y a au moins une centaine de personnes sur la plage, peu montent jusqu’au mirador. Du coup, je casse la croûte tout seul face au glacier avant de prendre le chemin retour. Au total 25,4 km, + 673 mètres, 6H20…

02 janvier

Journée magnifique, grand soleil. Ce matin, on part en direction de la Chorillo del Salto, cette cascade se trouve à la sortie de la ville par une route qui devient très vite une piste, une piste comme je ne les aime pas et Thor non plus. Du coup nous n’irons pas jusqu’à une autre randonnée qui se trouve dans la réserve provinciale “Lago del deserto” car elle est à 37 km d’ici.

Après le repas, nous allons voir cette cascade qui au final est très belle et assez impressionnante, je trouve un beau rocher pour faire quelques photos, je m’accroupis et je sens que mon téléphone glisse de ma poche, impossible de le rattraper, il tombe dans la rivière, je fais un mouvement brusque pour tenter de le rattraper et mon objectif 24-105 mm sort de mon sac et tombe également à l’eau… j’arrive à récupérer les deux mais le mal est fait!!!

Je passe le reste de la journée à la gare routière qui offre un Wifi pas trop mauvais à essayer de configurer le téléphone de Corinne que l’on garde en secours. L’objectif, quant à lui, s’offre une séance de bronzage en plein soleil. Bref, journée de merde! On verra demain…

03 janvier

Ce matin, le réveil sonne à 05h00, les prévisions météo ont l’air bonnes, il fait un temps magnifique. Nous nous posons sur le parking à l’extérieur de la ville où se trouve le départ de la randonnée la plus célèbre d’El Chalten “Laguna de Los Tres - sendero del Fitz Roy”. A 5h45, j’attaque la randonnée qui a, à peu près, le même profil, que Torres del Paine. Ça commence par 4 km de montée (+ 350 mètres) histoire de se mettre en jambe puis une portion assez plate pour finir par un mur.

Il y a déjà quelques personnes sur le parcours malgré l’heure matinale. Il faut dire que c’est la plus belle journée de la semaine, il ne faut pas rater la fenêtre. A partir du point “Mirador Fitz Roy”, on a une superbe vue sur la chaîne de montagnes et les glaciers, ça motive à avancer. Le trajet est très diversifié, forêt, plaines, rivière, tourbière est pour finir les rochers avec des “marches” assez raides et inégales, certainement dessinées par Numérobis!!!

On arrive enfin au sommet d’une grande “digue” qui domine la “Lagune de los Tres” avec en face le Fitz Roy et toutes les autres pointes de granit. C’est grandiose. Je fais quelques photos puis je descends au bord du lac, quel décor! le massif se reflète dans le lac, c’est magnifique.

Je fais plusieurs fois le tour du lac, enfin ce qui est possible, en bas… en haut! je ne compte pas le nombre de photos prises. Je finis par un bon bain de pied dans le lac, quelques minutes seulement si je ne veux pas perdre mes orteils tant l’eau est glaciale, mais cela fait un bien fou. Je repars vers midi, c’est blindé de monde et tout le trajet retour je vais croiser des dizaines de randonneurs. Encore une journée inoubliable avec un ciel pur et un beau soleil, malheureusement, je n’ai pu utiliser que mon grand angle, le 24-105 mm est mort et mon Iphone est en mode survie, on verra dans les prochains jours. Au final 28 km, + 1053, 8 heures.

On finit la journée avec Corinne dans une cerviceria, on se boit une bière blanche artisanale, très bonne et on porte notre linge chez Claudia une particulière qui propose ses services pour laver le linge.

04 janvier

Matinée nuageuse, nous allons récupérer notre linge, tout est nickel et à un prix raisonnable. Dans l’après-midi, le ciel se découvre et j’en profite pour faire une petite randonnée histoire de me décrasser des efforts d’hier. A partir du Centre des visiteurs, je monte jusqu’au Mirador Las Aiguilas. C’est la permière fois que les gardes sont à leur guérite et font payer le passage, du coup je présente mon pass annuel. La promenade est agréable mais au bout le paysage offre une vue sur une immense steppe avec au loin le lac Viedma, rien de ouf. Avant de repartir, je vois une trace qui part dans la montagne, je décide de l’emprunter et me retrouve à faire une belle boucle qui surplombe El Chalten et revient par le Mirador Las Condores. Au final belle balade d’un peu plus de 8 km…

Reste de la journée tranquille, on prépare la suite du voyage. En fin de journée un camping-car français arrive avec 3 enfants qui, aussitôt installés, font le tour de tous les voyageurs à la recherche d’autres enfants. Les “Destinaterre” sont en voyage depuis 16 mois, et rentre en France en février.

05 janvier

Ce matin, le temps est assez beau mais devrait se gâter cet après-midi et il devrait pleuvoir demain. Nous avons fait les principaux trails du parc du coup nous décidons de lever le camp direction le Nord. On profite du Wifi de la gare routière pour appeler nos enfants puis nous prenons la route, en sens inverse jusqu’à l’embranchement de la Ruta 40. C’est avec un petit pincement au cœur que nous quittons le Parc National Las Glaciares, nous avons adoré cette région, aussi bien le glacier Perito Moreno que le massif du Fitz Roy.

Une fois sur la 40 la route est belle mais assez monotone, on est sur de la steppe avec au final très peu de guanacos par rapport à la Ruta 3. Puis tout d’un coup … plus d’asphalte mais une piste sur 72 Km que nous mettrons 1h45 à parcourrir. Nous avons rencontré tous les types de pistes, cailloux, graviers, terre, bonnes et moins bonnes. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut éviter de l’emprunter les jours de pluie et même les lendemains, de grandes ornières qui partent dans tous les sens sur les parties en terre témoignent que : “y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes”…

Nous arrivons finalement dans la petite ville étape de Gobernador Gregores. C’est le seul endroit entre El Chalten et la ville de Perito Moreno qui offre des services. Nous nous posons sur le parking d’une station essence YPF, seul endroit autorisé par la municipalité pour bivouaquer, nous ne sommes pas seul, tous les voyageurs qui montent ou qui descendent font généralement étape ici. Nous prenons un peu d’essence et Corinne achète deux empanadas à la boutique pour ce soir…

06 janvier

Comme prévu, le temps est très gris ce matin mais nous devrions éviter la pluie. Je suis à l’ouverture du Correo Argentino pour essayer de retirer du cash via Western Union. Ils font toute la procédure pour au final me dire que ce n’est pas possible car il y a des lettres dans mon passeport, on tente avec mon permis international, trop de numéros, ça ne rentre pas dans le système… Nous essayons ensuite une boulangerie qui fait aussi Western Union mais elle n’a pas de cash. Je tente également de recharger le gaz, le gars me demande 50€ pour 10 kilos, une vraie escroquerie, on verra plus tard… On finit la matinée à La Anonima pour faire le plein du frigo, du coup, à midi, ce sera une belle pièce de bœuf avec de la sauce Chumichuri et un bon verre de Malbec tinto.

En début d’après-midi, nous démarrons direction plein Nord. Les 150 premiers kilomètres sur la Ruta 40 sont impeccables puis la route se dégrade rapidement, de nombreux nids de poule qui obligent à faire du gymkhana sur les deux voies, heureusement il y a peu de circulation. Par endroit, sur 100 à 500 mètres la route se transforme en piste. On finit par comprendre en voyant des tas de plaques de goudron sur le côté que la route devait être tellement mauvaise qu’ils ont préféré la retransformer en piste. Je me prends un gros trou que je ne pensais pas si profond et je vois un de mes enjoliveur me doubler, me couper la route et partir dans la pampa. Me voilà en train de lui courir après pour le rattraper… Du coup nous mettons 5 heures pour faire 290 km et arriver à l’entrée du Parque Patagonia - Portal cañadon pinturas qui abrite la Cuevas de las Manos. Les montagnes aux alentours sont de toutes les couleurs, ce doit être magnifique sous un beau soleil. Monument Historique National depuis 1993 le site est inscrit au Patrimoine Mondial par le Unesco en 1999. Il présente des peintures rupestres dont les plus vieilles sont datées de 7350 avant JC. Ce sont les premières manifestations artistiques connues des peuples d’Amérique du Sud.

Arrêt au centre d’information où une garde nous explique les différentes choses à faire puis elle nous remet un plan du site. On roule encore 20 km à l’intérieur du parc sur une petite piste en terre pour arriver au parking où nous allons passer la nuit. Juste à côté se trouve un camping pour des tentes. Des « remparts » en bois de forme circulaire ont été construits pour abriter les tentes du vent qui peut être très violent ici.

07 janvier

Ce matin, je pars à la fraîche et j’enchaîne trois trail pour arriver à l’entrée du site de la Cuevas de las Manos. Le premier “Cañadon Pinturas” qui part du camping pour arriver en face de la mesa qui abrite le site, 4 km assez faciles qui longe en partie le canyon, c’est très beau, puis le sentier “bajada de los Toldos” qui descend à pic sur 1,3 km au fond du canyon, on traverse le Rio Pinturas puis on emprunte le sentier “Cueva de la Manos”, 1km de montée qui permet d’arriver à l’entrée du site. L’entrée coûte 36000 Ars pour nous étrangers et le tour est guidé. Sur 1 km on évolue à flanc de falaise sur un chemin qui est naturellement creusé par l’érosion dans la roche et où les hommes qui ont vécu là, il y a environ 10 000 ans, ont peint sur les parois, principalement, des empruntes négatives de mains (829) avec des pigments de différentes couleurs. C’est très bien conservé en raison du fait que les parois sont protégées des intempéries et du soleil grâce au surplomb de la falaise. Il y a bien une petite grotte où les hommes vivaient, mais toute la visite, 1 heure 30 aller et retour, 2 km, se fait à l’extérieur. C’est vraiment à voir. Au total 22,8 km, 4 heures.

Sur le chemin du retour, au niveau du rio, j’emprunte une partie d’un autre trail, “Cañadon del rio Pinturas” qui chemine le long de la rivière où de grands saules ont colonisé les berges, c’est une véritable oasis au milieu de ce monde minéral.

Le site en général n’est pas du tout indiqué pour les gens qui souffrent de vertiges. Si vous n’êtes pas bon marcheur, mieux vaut passer par l’entrée une, il y a plus de piste mais on arrive directement à l’entrée de las Cuevas.

En début d’aprè-midi nous nous rendons au Musée - Planétarium qui se trouve à l’intérieur de parc. Très beau bâtiment, moderne avec une très belle scénographie. A l’intérieur se trouve une grande boule qui abrite le planétarium avec plusieurs salles d’interprétations tout autour. Nous y passons deux heures, entre une lecture du ciel de Patagonie et des expositions sur l’évolution de l’homme, l’écologie …

Nous reprenons la piste pour sortir du parc mais juste avant nous nous arrêtons faire une dernière randonnée de 4 km “ Tierra de Colores” qui nous fait traverser un décor incroyable avec des roches de toutes les couleurs, blanches, jaunes, roses, ocres, marron … la géologie à cet endroit défit l’entendement, nous y passons un agréable moment et j’en profite pour faire de nombreuses photos, le temps est magnifique.

Nous sortons du parc et roulons jusqu’à Perito Moreno, la ville, où nous nous posons sur un immense parking d’une station YPF. Avec plus de 30 km de marche aujourd’hui, je pense que nous allons bien dormir.

08 janvier

Nuit super calme. Ce matin, on se lève avec beaucoup de vent avec des rafales à plus de 70km/h. Pas de western union ici mais un Coreo Argentino, je tente une nouvelle fois ma chance. Je tombe sur deux gars super sympas, je décide de tester ce coup-ci avec une photo de ma CNI. Malgré tous ces efforts impossibles pour leur aplication d’accepter mon numéro. Finalement l’agent me propose de lui envoyer l’argent à lui, qu’il récupère puis me donne. Super arrangeant, du coup je fais un nouveau transfert WU en sa faveur et en retour il me donne les 250000 Ars, en numéraire. Je lui propose un pourboire qu’il refuse, du coup, je lui donne un écusson France et une petite tour Eiffel à chacun, ils étaient super contents. Le taux de change est tellement remonté depuis l’élection de Milei que cela ne vaut plus trop la peine de tout payer en cash par rapport à l’utilisation de la CB de notre compte N26 qui reste avantageux, toutefois il faut qu’en même avoir du numéraire car tout ne peut pas se payer par carte.

La quête du graal continue avec le gaz, je me rends dans une entreprise qui m’indique ne pas pouvoir m’aider mais me donne les coordonnées d’un autre lieu qui, quand je leur montre mon dispositif, sont ok pour me “prêter” une bouteille de 10 kg, le temps que je transfère le gaz par gravité dans mon réservoir, et tout cela à un prix correct. Petit tour à la Anonima pour quelques courses puis passage dans une très bonne patisserie de la ville, “Ruah” qui nous a été indiquée par Jean-Pierre et Christophe, en la matière, on leur fait entièrement confiance. Nous prenons une super tarte aux citrons…

On finit par le plein des réservoirs d’eau et d’essence et nous quitons la ville pour celle de Los Antiguos, célèbre pour son festival dédiée à la cerise. A mi-chemin, nous nous arrêtons à la “Reserva Natural Silvestre La Ascensión” qui fait partie du grand “Parque Nacional Patagonia”. Je pensais pouvoir passer la nuit là mais la ranger nous informe que ce n’est plus possible et que la totalité des sentiers sont fermés en raison du vent…

La route pour Los Antiguos longe le grand lac Buenos Aires, le plus grand lac d’Amérique du Sud après le lac Titicaca. L’Argentine et le Chili se le partagent. Nous passons par l’office de tourisme qui nous donne de nombreuses informations, notamment sur le Ruta 41 qui apparement et de nouveau entièrement “praticable” et sur le fait que la piste côté chilien est affreuse.

C’est notre dilème du moment, nous voulons visiter la “Catedral de Marmol” qui se trouve au bord du lac mais côté chilien, l’état de la route pour y accéder puis après la Ruta 7 “Caretera Austral” nous font hésiter. Christophe et Jean-Pierre qui l’ont emprunté nous ont confirmé qu’elle était très mauvaise, un peu comme celle de Torres Del Paine que j’avais trouvée horrible. Thor n’est pas fait pour rouler sur de si mauvaises routes, nous n’avons pas envie de faire des centaines de kilomètres à 10 km/h.

Pour l’heure, on se pose au bord du lac pour une longue séance de cogitation sur le programme des jours à venir en tenant compte des prévisions météo…

09 janvier

Ce matin, je vérifie la charge de mon panneau solaire et je me rends compte que depuis 2 jours, aucune charge. Je vérifie fusibles et connectiques, tout est OK. J’échange un long moment par WhatApps avec l’installateur en Uruguay qui ne me trouve aucune solution, si ce n’est de trouver un spécialiste pour faire des tests, autant dire pas dans le coin… Heureusement, j’ai un autre système de charge via l’alternateur lorsque je roule.

On quitte l’Argentine pour un jour ou deux jours direction la ville de Chile Chico dans la Patagonie Chilienne distant d’une quinzaine de kilomètres. Le passage frontière côté argentin est rapide par contre deux agents des services du ministère de l’Agriculture chilienne nous fouillent tous les placards, sous la banquette, les coffres extérieurs et même le compartiment moteur. Il n’y avait rien de caché, ils n’ont donc rien trouvé…

Arrivés en ville, nous nous arrêtons au centre d’informations qui nous donne le nom d’une agence de voyage “Chelenko Tours Spa” pour nous rendre à Puerto Rio Tranquilo. Le responsable de l’agence vient à notre rencontre et nous nous mettons d’accord sur le prix, 90 000 Cpl par personne et pour un départ le lendemain matin 6h00, seul jour de la semaine où le temps n’est pas trop mal.

Nous allons ensuite faire des courses pour des produits que nous ne trouvons pas en Argentine ou beaucoup moins cher ici. Dans l’après-midi, nous nous baladons dans cette petite ville très sympathique et allons jusqu’au mirador de la ville qui offre une très belle vue sur la ville et le lac Buenos Aires qui s’appelle ici, côté chilien, “Lago Général Carrera”.

On trouve un très beau bivouac pour la nuit sur une plage au bord du lac. Superbe vue.

10 janvier

Ce matin, nous sommes prêts à 06h00 pétantes. Alexis, notre chauffeur, arrive et on le suit jusqu’à un camping où Thor restera bien au chaud toute la journée. Nous voilà partis à bord de son 4x4 pickup chinois (très tape cul) pour 340 km de pistes aller et retour. Les paysages sont tous simplement magnifiques, la piste longe le lac bleu turquoise avec en toile de fond les monts enneigés. Par contre la piste c’est une horreur et nous sommes bien contents d’avoir pris cette option. Elle alterne entre de petits morceaux asphaltés mais en mauvais état, béton, et surtout piste avec du mauvais ripio. Certains passages se passent à moins de 10 km/h, en 4x4, je n’imagine même pas avec Thor. Petit arrêt à Puerto Guadal, très beau village où nous prenons un café avant d’arriver à Puerto Rio Tranquilo. Bref nous avons mis 4 heures pour faire 170 Km.

Arrivés sur place, Alexis nous amène à une des nombreuses sociétés d’excursions et nous voilà embarqués dans un petit bateau direction El Santuario de la Naturaleza Capilla de Mármol qui est inscrit comme monument national chilien. Le temps est un peu couvert mais pas de vent et un lac hyper calme. Durant une heure trente, nous contemplons ce phénomène naturel incroyable, nous rentrons dans plusieurs cavités sculptées par l’eau dans du carbonate de calcium, c’est incroyable, nous finissons avec ce qu’ils appellent la cathédrale et la chapelle de marbre. Super balade avec un guide qui explique bien le processus d’érosion.

De retour, nous avalons un sandwich puis nous prenons le chemin inverse avec un nouvel arrêt à Puerto Guadal. Alexis conduit super bien, est hyper prudent, sa bonne conduite compense le mauvais état de la route. Arrivés à Chile Chico, nous récupérons Thor et retournons au même bivouac que la veille. Journée, une nouvelle fois, inoubliable.

Cette expérience nous a conforté dans l’idée de ne pas emprunter la Caratera Austral avec Thor, les conditions sont trop mauvaises, il n’est pas fait pour endurer ces pistes.

11 et 12 janvier

Trois mois de voyage aujourd’hui, c’est incroyable comme nous n’avons pas vu le temps passer… Ce matin nous refaisons un petit tour de Chile Chico puis direction la frontière. Les formalités sont rapides et cette fois-ci Thor a obtenu un TIP de 8 mois. Arrivés à Los Antiguos tout le centre ville est fermé en raison de la “Fiesta de la cereza” fête annuelle de la cerise. Il y a énormément de monde et nous décidons de nous rendre au camping municipal pour être plus tranquilles. Ici ce sont les grandes vacances, le camping est plein, surtout des tentes, et comme partout en Amérique latine, musique et la fumée des asados sont omniprésentes. A l’accueil, ils nous disent d’aller tout au fond du camping, c’est plus calme.

Dans l’après-midi, nous allons faire un tour en centre village, il s’agit en fait d’une grande foire, on y trouve de tout, un peu d’artisanat, beaucoup de chinoiserie et contre-façons. l’ambiance est hyper familiale, les gauchos ont sortis leur plus beau costume et béret. Ce soir, il y a un grand concert payant, des vedettes de la région, très bon niveau. Nous, nous préférons commencer la soirée dans une brasserie locale, cerveceria, où on déguste une très bonne IPA puis nous trouvons un restaurant où nous prenons deux pizzas. Elle sont tellement grosses que nous n’arrivons même pas à finir la première à deux, on repart avec un gros doggy bag. Par contre, à part quelques vendeurs de cerises, nous n’avons pas trop fait le lien avec l’intitulé de la fête. Cerises qui coute 1,5€ le kilo à 15 km d’ici au Chili alors qu’elle sont à plus de 3€ ici en Argentine…

Ce dimanche journée repos, nous quittons le camping pour nous installer devant l’office de tourisme pour profiter de leur Wifi, le réseau 4G de Claro est complétement saturé en raison du grand nombre de visiteurs. Le vent est très violent, du coup, nous restons bien au calme dans Thor. Appel aux enfants puis en fin de journée nous refaisons un tour dans le centre ville et nous en profitons pour nous acheter 1kg de cerises, un peu moins bonnes, moins croquantes que celles du Chili mais très bonnes quand même elles ne font pas un pli!!!

13 janvier

Nuit très calme au bord du lac. Ce matin, nous passons par l’office de tourisme pour prendre les dernières nouvelles concernant les conditions de faisabilité de la route scénique N°41. On nous indique que le vent c’est un peu calmé et que nous pouvons l’emprunter mais avec précaution.

Nous voilà embarqués sur la Ruta 41 qui est en fait une piste qui rejoint Los Antiguos à Lago Posadas soit environ 170 Km. Les 70 premiers kilomètres sont relativement bons, le décor est vraiment très beau avec de nombreux arrêts pour admirer le paysage, après le col, les choses se gâtent et les 100 derniers kilomètres sont un peu longs avec des portions pas trop bonnes. A mi parcours, la piste bifurque vers le Chili, il y a là, au milieu de nulle part, un poste frontière. Autant dire qu’ils ne doivent par voir grand monde passer tous les jours!!!

Même si quelques kilomètres avant Lago Posadas le décor change complétement avec des montagnes rouges qui font penser un peu à l’Ouest étasunien, on reste un peu sur notre faim, cette route n’est pas si spectaculaire que ça et toute cette piste gâche un peu le plaisir.

Arrivés au centre de Lago Posadas, on s’arrête pour la nuit devant le Centre d’Information qui met à disposition son wifi car depuis notre départ ce matin, aucun réseau mobile. On va apprécier de boire une bonne bière ce soir pour enlever la poussière!!!

14 janvier

Ce matin direction le lac, il y a un vent assez fort. Encore de la piste pour accéder à un point de vue où l’on peut voir l’attraction du coin, un rocher “ Arco de Piedra” en forme de pont dans le lac. Après une large piste, on attaque une piste qui grimpe dans la montagne, très pierreuse, au bout de quelques kilomètres, on décide de faire demi tour, on ne veut pas prendre le risque d’abîmer Thor pour rien. Je fais un petit arrêt sur une plage mais le vent est vraiment trop violent. Juste avant de revenir dans le village, on entend un drôle de bruit à l’arrière, je vais voir et trouve une grosse pierre coincée entre mes roues jumelées. On s’arrête dans une gomeria, le gars prend un gros marteau et nous fait sauter cet intrus!

On quitte Lago Posadas un peu deçus. Bien sûr que pour les gens qui ont un véhicule adapté, il y a plein de choses à faire dans le coin, notamment aller jusqu’au Lago Pueyrredon. Pour notre part, on prend la Ruta 39 pour rejoindre la Ruta 40 qui est à 75 km de piste, du même acabit que les autres, puis retour sur Perito Moreno. Nous nous arrêtons à La Anonima pour faire quelques courses et sur le parking, je vois un camion citerne de propane, je vais voir le chauffeur qui accepte de me remplir mon réservoir de gaz. Ce coup-ci, on a vraiment le plein et pour pas cher. Ensuite, retour sur le parking de YPF où nous nous posons pour la nuit.

15 janvier

Aujourd’hui est annoncé des vents à plus de 90 km/h, on décide de rester à Perito Moreno et de s’occuper de la logistique. On commence par la lavenderia où nous déposons notre linge puis je trouve un menuisier qui nous effectue quelques petits travaux, on a deux cloisons dont les dimensions sont trop grandes et avec les vibrations, les agrafes ont sauté et les parois gondolent. Il nous les recoupe à la bonne taille puis nous les colle et les agrafes, cela ne devrait plus bouger. Super boulot, propre, rapide et pas cher du tout, 43 € pour 2 heures de travail. On passe le reste de la journée à mettre à jour le site et préparer la suite de notre voyage.

16 et 17 janvier

Ce matin, avant de partir, nous faisons les pleins et les vides, nous allons récupérer notre linge et faisons la pression des pneus dans une gomeria. Nous reprenons la Ruta 40 en direction du Nord jusqu’à Rio Mayo où nous allons passer quelques jours car à partir de demain c’est le festival annuel national de la tonte (de moutons). La ville compte 2800 hbts pour 800 000 ovins. En route nous changeons de région et rentrons à nouveau dans la province du Chubut, les 20 derniers kilomètres sont épiques et nous sommes encore obligés de faire du gymkhana pour éviter les immenses trous sur la chaussée. Arrivés dans la bourgade qui, en elle-même, ne présente aucun intérêt, nous allons directement au camping municipal, très rudimentaire mais sûr.

Nuit calme au camping, pas de musique et pas d’asado, trop de vent. En milieu d’après-midi, on fait un petit tour dans le village puis on se rend au festival où l’on assiste à des concours de rapidité de tonte de moutons, c’est assez impressionant la vitesse à laquelle ces pauvres bêtes se retrouvent déshabillées… On retrouve les mêmes stands de chinoiserie qu’à Los Antiguos, sur scène se succèdent les remises de médailles et diplômes, et les élections d’enfants, tanto princesses tanto petits gauchos. Je suis un peu deçu de ne pas voir de grands asados avec de belles pièces de viande, les stands vendent des hamburgers et des frites… tout fout l’camp!!! Vers 23 heures alors que nous sommes dans Thor, on attend de l’annimation venant du festival, certainement avons nous raté des courses de chevaux ou d’adresse des gauchos, on a eu la flemme d’y retourner. Puis vers minuit début du “Bal”…

18 janvier

Nuit compliquée, la musique ne s’est arrêtée qu’à 6 heures du matin. Nous étions pourtant assez loin mais les basses et infra basses sont terribles… Du coup vers 10 heures nous décidons de lever le camp, pas une deuxième nuit comme cela. Nous poursuivons sur la Ruta 40 toujours en direction du Nord, grosse étape avec plus de 400 kilomètres de pampa. A peine à 60 km de Rio Mayo, des panneaux nous annoncent que l’on rentre sur une portion de route endommagée… en fait, la route est tellement trouée qu’il y a une piste en parallèle avec bien sûr aucune information sur la longueur. On voit au loin les nuages de poussière des véhicules qui nous devancent autant dire que l’on n’est pas près de retrouver du bitume. Bref après une trentaine de kilomètres à rouler entre 10 et 20 km/h on retrouve la route avec un peu moins de trous… On mettra la journée entière pour rejoindre Esquel où on trouve un emplacement pour la nuit derrière la gare routière. La région ici est très montagneuse, la ville abrite une station de ski.

19 janvier

Ce matin, nous allons prendre des informations à l’office de tourisme puis après quelques courses nous roulons en direction de la petite ville de Trevellin, bourgade d’origine galloise comme Gaïman. Effectivement un très beau dragon trône sur le toit de l’office de tourisme, il crache du feu tous les soirs de 20h00 à 22h00. Le village est moins typique que Gaïman mais il subsiste toutefois encore deux maisons de thé. C’est la dernière agglomération avant la frontière avec le Chili.

En début d’après-midi, on part pour l’entrée Sud du Parc National Los Alerces, cette partie permet de faire une petite boucle d’une dizaine de kilomètres qui longe le Rio Grande O Futaleufu jusqu’à un très grand barrage hydroélectrique que l’on traverse, on en profite pour faire un petit trail jusqu’à un mirador qui surplombe la rivière aux eaux hyper limpides.

On quitte ensuite cette partie pour nous rendre à une vingtaine de kilomètres à l’entrée principale du parc. On est dimanche, c’est les grandes vacances, i y a la queue pour y acceder. On montre notre pass annuel et on s’enfonce un peu dans le parc mais il y a énormément de voitures garées partout. Du coup, nous faisons demi tour pour nous poser à la Villa Futalaufquen, un des rares spots où nous pouvons passer la nuit dans le parc.

20 janvier

Ce matin, le temps est gris, le parc est désert, nous faisons la partie goudronnée du parc qui longe le lac Futalaufquen puis nous faisons demi tour, la piste qui s’en suit étant très mauvaise. En route nous faisons quelques petites randonnées faciles. Le parc en lui-même est très beau avec ses sommets encore un peu enneigés. Il y a des alerces un peu partout mais pour voir le plus vieux du parc, 2600 ans, haut de 57 mètres, 2,20 m de diamètre, il faut faire une excursion de 9 heures, prendre deux bateaux… on renonce. L’alerce est une arbre de la famille des sequoias, le plus vieux serait au chili.

Nous faisons ensuite retour sur Esquel, j’arrive enfin à retirer du numéraire à Western Union et en plus le taux est assez bon en ce moment plus de 1226 Ars pour 1€. Du coup on fête ça au restaurant devant una parilla et une bouteille de malbec… Il est encore bonne heure et nous décidons après avoir fait le plein d’essence et d’eau de nous avancer un peu en direction de San Carlos de Bariloche. On quitte cette belle région montagneuse pour reprendre la Ruta 40 et son décor de pampa. Il y a depuis plusieurs jours un important feu de forêt qui brule dans la région de Epuyen, une épaisse fumée recouvre les sommets des montagnes. On bifurque enfin en direction de la vallée Puelo qui se termine par la ville de Lago Puelo et son parc éponyme Parc National Lago Puelo. A l’entrée le garde nous indique que le parc n’est ouvert qu’en journée et que nous ne pouvons dormir à l’intérieur. Nous faisons demi tour et nous trouvons un spot sympa à l’extérieur de la ville pour la nuit.

21 janvier

Nuit très calme. Ce matin, nous retournons au Parc National. Après un petit arrêt au centre d’information nous faisons un premier arrêt pour accéder au bord du lac. Magnifiques panoramas avec au fond du lac de très beaux sommets encore en partie enneigés, sur la plage de nombreux oiseaux Ibis (Bandurria Austral) au plumage marron, beige sur le corps et le cou et la tête “blond venitien” selon Corinne, quémandent de la nourriture. Nous faisons un très joli trail à travers une forêt qui débouche sur une belle plage un peu à l’abri du vent, du coup de nombreuses personnes y sont installées ainsi que quelques courageux dans l’eau.

Nous quittons les lieux en milieu d’après-midi ainsi que la province du Chubut pour celle du Rio Negro. Petit arrêt à El Bolson où nous faisons les vides dans une station d’épuration, c’est bien pratique, puis arrivés en centre ville on se gare et une agent nous indique que la ville est interdite aux camping-cars, du coup, nous filons en direction de San Carlos de Bariloche. Cette portion de la Ruta 40 est magnifique, elle serpente entre vallées et montagnes, traverse de très belles forêts, longe de grands lacs… 50 km avant d’arriver, nous entrons dans le très grand Parc National Nahuel Huapi.

San Carlos de Bariloche est une grande ville de 160 000 hbts, cela fait des mois que nous n’avons pas traversé de ville aussi grande avec sa circulation, ses feux rouges…. Le centre ville est très accidenté et les rues ressemblent un peu à San Francisco avec d’importantes descentes, on traverse même une petite rue tortueuse style Lombard Street. La ville est construite au bord du lac Nahuel Huapi avec tout autour de magnifiques montagnes, le panorama est à tomber. Nous trouvons un parking sur la costañera très près du centre ville où nous pouvons rester pour la nuit. Petit tour en ville, nous prenons des infos au centre touristique avant d’arpenter le centre. Les bâtiments sont superbes, souvent en rondins de bois, on voit que la ville est très touristique avec de très beaux magasins, c’est très agréable, on se boit une bonne IPA dans une cerveceria puis un petit restaurant sympa.

22 janvier

Ce matin, on se lève de bonne heure pour faire une boucle d’une soixantaine de kilomètres qui longe plusieurs lacs. La route est très jolie, très touristique avec des établissements hôteliers de grand standing aux vues imprenables. Nous allons jusqu’au Parque Municipal Llao-Llao qui se trouve sur une petite péninsule entre le Lago Nahuel Huapi, le Brazo Tristeza et le Lago P. Moreno Este, très belle forêt où l’on peut faire plusieurs trails, nous choisissons une petite promenade qui nous conduit à un petit lac, Lago Escondido. Les paysages sont superbes.

De retour, nous nous arrêtons au Cerro Companario où un télésiège m’amène au sommet de la montagne qui offre une vue panoramique à 360°, c’est grandiose.

En début d’après-midi, je trouve un installateur de panneaux solaires, on se comprend mal, il me donne un WhatApps que je crois être le sien et me parle d’un électricien qui peut venir vérifier mon panneau. Au bout de deux heures je retourne le voir et en fait c’était le WhatApps de son électricien que je devais contacter… Bref je lui laisse un message qu’il ne lit pas, je remonte sur le toit et tire les câbles pour voir si ce n’est pas simplement un fil débranché et là, dessous le panneau, sortent deux connectiques que je bidouille et hop! la recharge reprend… l’installateur aurait pu me dire qu’il y avait ce point de connexion sous le panneau. Bref on annule l’électricien, qui n’a toujours pas lu le premier message, et nous quittons cette belle ville de Bariloche, direction toujours le Nord.

On change rapidement de province et rentrons dans le Neuquén. Nous délaissons la Ruta 40 pour prendre les RN 237 puis 234 qui vont nous conduire à San Junin de Los Andes et le Parc National Lanin. La route est très belle et longe le Rio Limay. Les montagnes très escarpées présentent de nombreuses bizarreries géologiques en forme de grandes cheminées qui défient l’apesanteur. En début de soirée, nous trouvons un petit coin tranquille pour passer la nuit.

23 janvier

Ce matin, nous roulons en direction de San Junin De Los Andes, à quelques kilomètres de la ville, nous voyons un grand rassemblement, on décide de s’incruster. On trouve une place sur un immense parking de l’événement de ce grand week-end, l’Expo Rural de Neuquén y exposición de caballos de la Patagonia. Enfin une vraie foire avec uniquement de vrais produits locaux et artisanaux de la culture argentine est plus précisement Gauchos.

Les gens sont, pour la majorité, très bien habillés et très élégants. Femmes et hommes portent la tenue traditionnelle, pantalon en toile, à pinces avec des réglages au niveau des chevilles, chemise avec petit foulard et chapeau ou bérêt, bérêts de toutes les couleurs et portés indifféremment devant, sur le côté, derrière ou à plat. Aux pieds, des bottes de cavalier ou des sortes d’espadrilles. Pour finir, une large ceinture en laine ou en cuir et pour les hommes, le couteau typique du gaucho coincé généralement dans la ceinture à l’arrière, dans son étui en cuir.

Les stands proposent des articles de qualité, on est loin des stands de produits chinois de Rio Mayo, et surtout, il y a des asados qui proposent des viandes grillées. A midi, on ne peut résister à une belle pièce de boeuf, délicieuse. Au centre de la foire, se trouve un genre de stade avec tribunes.

Nous assistons au montage d’un canon d’artillerie par des militaires. Toutes les pièces sont démontées et portées par une vingtaine de chevaux et petit à petit la pièce d’artillerie est remontée au centre de la pelouse. Cette opération simule le transport et la mise en oeuvre d’un canon dans les montagnes escarpées de la cordillère des Andes.

S’en suit un concours d’adresse à cheval. Sur la pelouse est monté un grand enclos pour vache en forme de huit. 10 vaches numérotées de 0 à 9 y sont parquées. Le but est, pour deux cavaliers (homme ou femme), de faire passer les vaches, une par une, et dans l’ordre défini par l’arbitre avant le top départ, du premier enclos au deuxième enclos relié juste par un petit corridor. Un cavalier bouche et filtre l’accés pendant que le second cherche la vache avec le bon numéro pour la diriger, seule, vers l’autre enclos. Un seul binome arrivera à faire passer les 10 vaches dans le bon ordre et dans le temps imparti. On passe un très bon moment.

En début de soirée, je trouve un responsable de la foire qui nous autorise à rester là pour la nuit.

24 janvier

Ce matin, on rentre dans San Junin De Los Andes direction l’office de tourisme. Pas grand chose à faire dans le coin, si ce n’est d’entrer dans le Parc National Lanin, qui porte le nom d’une très beau volcan, seule véritable attraction du parc. Bien sûr, il faut emprunter une piste de 120 km aller et retour, ou faire un gros détour pour contourner le parc en direction de la frontière du Chili par une route gourdronnée pour arriver à un simple mirador, 120 km là aussi aller et retour, on laisse tomber.

On reprend la Ruta 40 en direction du Sud cette fois. On traverse la belle ville de San Martin de Los Andes qui est le début de la très belle route scénique, la Route des 7 lacs. Elle relie San Martin à pratiquement San Carlos de Bariloche. Magnifique route de montagne qui passe au bord ou qui longe en tout 7 lacs. Il y a de nombreux miradors qui permettent d’admirer les différents panomaras. Nous mettons une bonne partie de la journée pour rallier Villa La Angostura qui se trouve à une centaine de kilomètres. Les deux stations essence sont littéralement prises d’assault, il y a une queue interminable. Il faut dire que ce sont les dernières stations avant la frontière avec le Chili. On traverse la ville et nous allons jusqu’au Parc National Los Arrayanes qui se trouve sur la Péninsule de Quetrihué. Ce petit parc se trouve lui-même dans le Parc National Manuel Huapi et a été créé pour protéger les arbres Arrayanes.

Nous avons du mal à arriver jusqu’à l’entrée du parc tellement il y a de monde. Impossible de nous trouver une place pour nous stationner, de plus le trail de 12 km qui fait le tour de la presqu’île ferme à 15h00. On fait demi tour, il est encore tôt mais on préfére assurer le coup et nous rendre sur un spot où nous pourrons nous poser pour la nuit. En début de soirée, une famille française avec des jumeaux s’installe près de nous, nous discutons un petit moment, ils sont au début de leur périple de 18 mois.

25 janvier

On se lève de bonne heure direction la pompe à essence où nous faisons le plein avec une essence à 0,80€, ça fait réver… puis direction le Parc, il est à peine 08 heures 30, aucun problème pour se garer. A l’entrée du parc, je tombe sur un garde qui n’a jamais entendu parler du pass annuel, j’ai beau lui expliquer qu’il a été mis en place en novembre 2024 et que par définition il est valable un an, il ne comprend pas. Bref au bout de 20 minutes, il me dit de rentrer… En fait nos infos sur le guide ne sont pas bonnes, une fois de plus, il ne s’agit pas d’une boucle mais d’une trajet aller de 12 km pour arriver jusqu’au bout de la presqu’ile puis il faut prendre un bateau, très cher, pour le retour, ou bien revenir sur ses pas, soit 24 km. Je décide donc de ne faire que la moitiè du trajet aller et retour. La randonnée commence par 800 mètres de montée car en fait le parc est un plateau rocheux assez haut. De là, on arrive sur deux miradors assez sympas offrant une belle vue non pas sur le parc mais sur les alentours. S’en suit un chemin qui est principalement en sous bois, très beau où l’on peut effectivement voir des arrayanes, ces arbres écorchés vifs, un peu marron, dorés qui semblent de pas avoir d’écorce.

De retour, je passe par de très belles plages, la lumière est parfaite.

Nous reprenons la route, direction le Chili, en retraverssant la ville, les pompes sont de nouveau assaillies avec au moins une trentaine de voitures en attente, on a eu du nez. On revient un peu sur nos pas sur la route 40 puis bifurquons vers le poste frontière argentin qui se trouve à 17 km en amont de la frontière physique. Le décor est là aussi à couper le souffle. Les formalités sont rapides, on quitte ce beau pays pour quelques semaines.

Nous sommes restés au total 30 jours et avons parcouru 2200 km dans cette partie de la Patagonie argentine. Nous avons visiter de nombreux parcs nationaux en particulier le Parc Los Glaciares absolument époustouflant, la vue du Glacier Perito Moreno et le Fitz Roy ont été de grands moments. Content également d’arriver encore à faire des trails assez difficiles et longs. Mon téléphone et mon 24-105mm s’en rappeleront également mais au final, ils ne se sont pas trop mal remis de leur baignade accidentelle…

Les photos et vidéo plus tard …