Paraguay
Paraguay -
4 Feb 2024 9 Feb 2024
Paraguay
Cet article couvre la période du 04 au 09 février 2024, au cours de laquelle nous avons visité la partie Sud du Paraguay.
04 février
Passage de frontière facile et rapide côté argentin et un peu plus tatillon et à l’ancienne du côté des douanes du Paraguay. Tous les documents sont remplis à la main et nous avons eu droit à une fouille en règle de Thor. On fait route ensuite vers la capitale Asuncion, très grande ville où plus de la moitié des 7,4 millions des habitants du pays vivent. C’est la première fois que l’on rentre dans un pays directement dans sa capitale. Bien que le pays semble petit par rapport à ses voisins, sa superficie représente 74 % de celle de la France. Le rio Paraguay coupe le pays en deux parties à la typologie très différente. Dictature de 1954 à 1989, la plus longue de toute l’Amérique latine, le pays semble stable aujourd’hui.
Pour accéder à la ville, on passe un péage qui accepte la CB, heureusement car nous n’avons pour l’instant aucun peso paraguayen, le Guaranis, 8000 Pyg pour 1 euro. On trouve un stationnement pour la nuit le long de la Costanera, le malecon qui longe le rio Paraguay. Nous sommes dimanche et en cette fin de journée il y a de nombreuses personnes qui flânent, font du sport… c’est très vivant. Il fait très chaud, plus de 40° dans Thor…
Dans la soirée un gars tape à la porte de Thor, il est accompagné de ses deux enfants et il commence à nous parler de la France, des origines de sa famille dans l’Est de la France, de sa branche italienne, bref on discute un long moment dans un espéranto incroyable, il nous souhaite à plusieurs reprises un bon séjour dans son pays. On donne des petits drapeaux français aux enfants.
On fait un tour sur la costanera et on s’arrête manger une pizza dans un food truck. La dame très enthousiaste nous demande si c’est nous qui avons la casa rodante garée plus loin, les nouvelles vont vite, et elle aussi est très heureuse et nous souhaite la bienvenue. Elle n’a pas le droit de vendre de bière, mais elle nous en donne deux en cachette dans une poche en papier. Décidément, nos premières heures ici sont très sympathiques.
05 février
Ce matin, on part visiter le centre de la capitale à pied, comme toujours quand on entre dans un nouveau pays, on s’occupe en priorité du téléphone et de retirer de l’argent. Ce coup-ci, c’est chez Tigo que nous prenons notre carte sim et un forfait Internet. Après avoir retiré des guaranis, nous visitons le centre ville qui est assez agréable même si un peu défraichi avec quelques beaux bâtiments dont celui du Président, le Palacio de López puis le Panthéon des héros. Lorsque les militaires chargés de sa garde me voient prendre des photos, ils se précipitent sous le mât des couleurs pour poser. Je vais les voir et nous discutons 5 minutes, je leur donne un écusson France, ils sont super contents. Nous enchainons par l’ancienne gare ferroviaire qui n’est plus en service, la cathédrale, divers autres bâtiments et belles places.
Après un bon restaurant, on retourne à Thor sous une chaleur accablante. Je trouve un boitier électrique le long du malecon et on se déplace pour se brancher et tenter de réguler un peu la chaleur dans Thor avec la clim que je ne peux pas mettre à fond car mon transformateur 220/110v n’encaisse que 3000 watts. Le pauvre arrive tout juste à nous faire perdre quelques degrés et à les maintenir. On passe le reste de la journée à boire… de l’eau et se mettre à jour.
06 février
Ce matin, on traverse Asuncion pour faire réparer et coller la loupe de mon rétroviseur et fixer mon protége carter qui pendouille. On circule assez bien dans la ville même si la route est dans un triste état. Ensuite route vers le Lago Ypacarai et la ville de Arégua qui parait-il vaut le détour… On traverse la ville, rien de spécial en dehors d’un marché artisanal avec beaucoup d’étals de poteries. On comptait manger au bord du lac mais on ne trouve aucune route qui y conduit, ce sont des chemins privés ou des petites pistes, on continue la route en direction de Yaguaron où j’ai repéré un camping avec piscine… très bon accueil, c’est un petit castillo tout blanc avec tous les services et une petite piscine à l’eau bien trop chaude pour être efficace contre cette chaleur… On fait quelques réparations sur Thor et on se met à jour.
07 février
Ce matin, on commence par visiter l’église franciscaine de Yaguaron qui est, soit disant, la plus belle du Paraguay. Si, de l’extérieur, elle ressemble à une mission jésuite, elle a été bâtie par les Franciscains. Effectivement, le retable doré est de toute beauté avec d’importants reliefs, les plafonds sont peints, elle est très belle…
Nous faisons route ensuite plein Sud pour emprunter la route des missions jésuites ou plus exactement de leur ruine. A la suite du bannissement de la compagnie de Jésus (Jésuites) en 1767 par les couronnes du Portugal et de l’Espagne, toutes les missions ont été abandonnées, pillées et contrairement à celles de Bolivie, elles n’ont jamais été restaurées mais depuis quelques décennies, consolidées et protégées.
Au Paraguay, il existe trois sortes de routes, les pistes, les routes pavées et enfin les routes asphaltées qui, parfois, sont pires que les pistes. On commence par le village de San Ignacio. On y fait le plein d’essence et de gaz car ici il y a du GPL (GLP). Je sors ma panoplie d’adaptateurs, c’est celui que j’ai utilisé au Pérou qui fera l’affaire. Petit restaurant sympa à midi, rien d’extraordinaire. Nous nous rendons ensuite à la mission dont il ne reste que l’ancien collège jésuite qui a été transformé en musée et où sont présentées de nombreuses sculptures qui se trouvaient à l’époque dans la mission.
Nous poursuivons par le village de Santa Maria où là aussi, il ne reste plus que le collège transformé en musée. Un numéro de téléphone sur la porte d’entrée permet d’appeler un guide qui arrive au bout de quelques minutes pour ouvrir le musée et donner quelques explications. Il y a ici aussi de très belles pièces d’art religieux. La nouvelle église a été bâtie sur les ruines de la mission.
Avant de repartir, je demande à la guide si la route pour rejoindre Santa Rosa, notre prochaine étape, est goudronnée et elle m’assure que oui. Au final, on s’est tapé 16 km de piste bien rouge et de route grossièrement pavée… Arrivés à Santa Rosa, tout est fermé, ce n’est ouvert que le matin…
Finalement, on décide de rebrousser chemin vers San Ignacio, par la route goudronnée cette fois-ci, où j’ai repéré un complexe hôtelier qui fait également camping. On finit la journée à la piscine avec une bonne bière et Gustavo, le patron, très très bavard mais très sympathique avec qui nous parlons un bon moment. Soirée dans Thor avec la clim…
08 février
On quitte San Ignacio direction les 3 plus belles missions, selon les guides, des missions jésuites d’Argentine, Brésil et Paraguay. On verra bien. Mais on commence notre journée par Santa Rosa. Il ne reste de la mission qu’une tour et La Capilla de Nuestra Señora de Loreto. Je passe par le secrétariat de l’église qui m’appelle la guide qui vient m’ouvrir la chapelle. Il s’agit en fait d’une reproduction exacte de la Sainte Maison de Nazareth. C’est une petite salle entièrement recouverte de fresques où se trouvent plusieurs sculptures et des restes du retable et des éléments de l’ancienne église.
Pendant que je visite cette chapelle, Corinne, restée dans Thor, se fait aborder par un policier qui vient chercher son maté frais. Au Paraguay, comme dans tout le sud de l’Amérique latine, le maté est une institution. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, énormément de personnes se promènent avec leur bol à maté. Ici, les gens ont également un porte thermos souvent en cuir qu’il porte en bandoulière. Généralement, le maté est vendu sous forme d’un cocktail d’herbes séchées, un peu comme le thé, il existe de nombreuses saveurs différentes. Le thermos permet de remplir sa mixture d’eau chaude le matin puis d’eau glacée lorsqu’il fait trop chaud. Ce que nous n’avions pas encore vu, ce sont des stands remplis de différentes herbes fraiches ou le vendeur vous fabrique le maté selon vos goûts. Le policier a bien essayé de faire goûter à Corinne son maté depuis sa propre pipette et a été un peu vexé de son refus…
Nous roulons ensuite jusqu’à la mission des jumeaux jésuites San Cosme y San Damian. La campagne ici est très vallonnée, très belle, les champs et bosquets s’étendent à perte de vue, on pourrait presque se croire en Europe. C’est la seule mission qui est en partie encore debout. Son architecture est unique car elle est composée de deux étages. Certains planchés - plafonds sont toujours en place avec leurs peintures originales. C’était le principal observatoire astronomique de l’époque coloniale en Amérique du Sud, où les Jésuites ont mis leurs télescopes et leurs quadrants. L’église a été entièrement restaurée. La pierre qui a servi à construire les édifices est d’un rouge très foncé.
La visite est guidée et comprend également la découverte d’un centre astronomique situé juste de l’autre côté de la place centrale. On commence par une petite présentation vidéo sur les Jésuites astronomes dont le plus célèbre fut le Père Buenaventura Suárez. Il a mené des travaux et des études sur l’astronomie dès 1703. Il a construit des télescopes, des quadrants et un cadran solaire toujours très précis qui montre les heures et quarts d’heure. On peut toujours le voir dans ce qui était le cloître. On poursuit par une lecture du ciel dans un planétarium très très rudimentaire. Dans le jardin, on peut manipuler une sphère armillaire, certainement l’objet le plus intéressant du site et on finit par un mini observatoire où l’on peut observer à certaines heures le soleil et tous les soirs les étoiles à l’aide de plusieurs petits télescopes.
Après le repas, on repart direction Trinidad pour visiter la réduction de la Santisima Trinidad del Paraná. Le site est immense avec de nombreux bâtiments. Très bien entretenu et mis en valeur, il s’étend sur 14 hectares. Fondée en 1706 par le père Juan de Anaya la réduction comptait déjà 3000 indigènes Guaranis en 1727 qu’ils étaient arrivés à sédentariser et convertir, tout en respectant leur langue et traditions. Construite en 1745 sa grande église en pierre est l’œuvre du Jésuite missionnaire italien Giovanni Battista Primoli. Elle est remarquable par ses décorations sculptées dans la pierre.
Nous finissons la journée à Jésus pour visiter la dernière ruine de notre programme, la Mission de Jesus de Tavarangue. Fondée en 1685 elle n’a jamais été terminée. Elle aurait comporté l’une des églises les plus grandes de l’époque. Ce temple serait une réplique de l’église de Loyola située à Madrid. La conception architecturale de cette mission a été réalisée par l’architecte Antonio Forcada, d’origine espagnole, qui a imposé son propre style avec des arches trilobées caractéristiques de la culture musulmane qui à cette époque prédominait en Espagne. On finit la visite au pas de course en raison d’un violent orage qui vient sur nous. On quitte les lieux et trouvons refuge pour la nuit sur le parking d’un station essence.
09 février
La pluie d’hier en fin de journée a fait du bien et la nuit a été plus fraiche. On reprend la route direction plein Nord. La route est en grande partie très belle même si certaines portions sont vraiment détériorées. On traverse Ciudad del Este qui est la deuxième plus grande ville du Paraguay. On y fait quelques courses et on mange dans une cafeteria.
On poursuit la route jusqu’à Itaipu pour visiter le barrage d’Itaipu Binacional. Il a été jusqu’en 2012 le plus grand barrage au monde avant la mise en service du barrage des Trois-Gorges en Chine. Il reste toutefois le premier en terme d’énergie cumulée produite. Binacional car il a été construit avec les Brésiliens sur le fleuve Parana qui est aussi leur frontière naturelle. Les 20 unités de production fournissent 15 % de l’électricité consommée au Brésil et 90 % au Paraguay. 12,3 millions de mètres cube de béton ont été nécessaires, avec le fer et l’acier utilisés, on pourrait construire 380 tours Eiffel.
La visite est gratuite. Le site est sous haute surveillance militaire. Arrivés au centre de visite du barrage, on visionne un film qui retrace la construction de cet immense édifice puis on monte dans un bus avec un guide. On s’arrête sur une plate forme, coté Paraguay, qui offre une belle vue sur le barrage et ses déversoirs. On reprend le bus direction le barrage et le coté brésilien. On passe sur la route basse du barrage, on fait un tour coté Brésil et retour en passant sur le barrage, dommage pas d’arrêt côté Brésil.
On traverse Ciudad del Este direction le Brésil. Les formalités, immigration et douanes sont hyper rapides. On quitte le Paraguay en passant sur le pont international de l’amitié. Il y a énormément de monde à la frontière, nous sommes samedi et c’est le premier jour du carnaval…
Nous avons passé 5 jours et parcouru 890 km au Paraguay. Nous sommes contents d’avoir traversé la partie Sud de ce pays qui n’est pas forcément une grande destination touristique. les Paraguayens nous ont souvent manifesté leur plaisir de voir des étrangers lointains visiter leur pays. Pour ma part, après avoir visité les très belles missions du Mexique et de la Bolivie, je m’attendais à autre chose des missions paraguayennes, missions que Corinne a préférées. Ce qui est sur, c’est qu’à l’époque ces sites devaient être magnifiques est très impressionnants.
Un résumé de cette dernière partie de notre voyage en vidéo :