Cap-Breton

Nous quittons New Glasgow pour monter complètement au Nord de la Nouvelle Écosse à Cap-Breton pour visiter, entre autres, le Parc National des Hautes Terres. Nous quittons la voie rapide juste après le pont reliant les deux îles pour suivre la Ceilidh Trail, route panoramique qui longe la côte par le Nord. Le temps n’est pas terrible et nous gâche un peu la beauté des paysages. Haut lieu de la musique celtique et des distilleries, nous voyons énormément de noms de famille commençant par Mac, pas de doute, nous sommes bien en Nova Scotia (Nouvelle Écosse).

On a trouvé la forêt absolument magnifique tant par sa couleur que par sa texture, et ce en raison du grand nombre d’essences différentes qu’elle abrite, à savoir : le hêtre, le chêne rouge, l’orme d’Amérique, l’épinette noire, le sapin baumier, le bouleau jaune, l’érable à sucre et le peuplier faux-tremble, un véritable patchwork. Comme tout le Nord-Est du Canada, cette zone est dédiée à la pêche du homard et du crabe des neiges. Le pauvre animal est représenté à toutes les sauces dans chaque restaurant, commerces, ports…

Au niveau de Margaree Harbour, nous entrons sur les 300 Km de la Cabot Trail. et arrivons rapidement à notre premier village Acadien, Chéticamp. On ne peut pas les louper car ils arborent fièrement leurs couleurs, bleu, blanc et rouge avec une étoile jaune dans le bleu. Les phares, les panneaux et même les pancartes indiquant le nom des rues sont aux couleurs de l’Acadie.

A la sortie du village, nous voyons une boulangerie, nous en profitons pour acheter du pain en forme de baguette, qui sera parfait dans le café pour le petit déjeuner et des gâteaux très… américains. Nous discutons un peu avec la patronne qui nous explique qu’il a encore neigé au mois de mai et qu’ici… on parle français. Il faut avouer que, quand elle a commencé à parler vite, certains mots nous ont échappé. Il y a plusieurs villages ainsi, en Nouvelle Écosse, qui ont gardé leur culture acadienne de la “Nouvelle France”.

Nous entrons, quelques kilomètres plus loin, dans le Cape Breton Highlands National Park. Le Canada fête cette année ses 150 ans d’existence et pour l’occasion, tous les parcs nationaux sont gratuits, nous avions reçu notre pass quelques jours avant de partir. La route est très belle… entre les travaux. Depuis notre arrivée au Canada, nous avons l’impression qu’ils regoudronnent toutes les routes. Il faut dire qu’ils n’ont que 3 ou 4 mois pour faire ce genre d’entretien. Si le réseau autoroutier est parfait, le réseau secondaire est un peu chaotique.

Nous faisons notre premier arrêt au Bog Hiking Trail, petite balade sur une tourbière entièrement aménagée en passerelles et ponts. Nous décidons de manger là et au final d’y passer également la nuit. C’est interdit comme dans tous les parcs, mais nous sommes vraiment en début de saison et il y a peu de monde. A la fin du trail, je lis sur un panneau que les Orignaux (Elans) aiment les plantes aquatiques et qu’il n’est pas rare de les voir sur le plateau à l’aube et au crépuscule. Sur le coup, j’ai pensé au sketch de Coluche : “restez, ce soir le soleil se couche …”. Après le repas, je décide quand même de refaire le trail au cas où, avec juste mon 17-50mm. A mi-parcours, je vois sortir de la lisière de la forêt un animal très haut sur pattes avec des oreilles de lièvre et un museau en forme de trompe, donc très original voir carrément orignal.

Je me rappelle avoir lu dans les recommandations, si vous tombez face à face avec un ours surtout ne courrez pas, par contre devant un orignal “fuyez pauvre fou” comme dirait un certain Gandalf et faites en sorte qu’un arbre ou autre obstacle se trouve entre vous. Je m’approche tout doucement, je le regarde, il me regarde, bref, on s’observe. Il continue à brouter tranquillement et je m’approche de lui jusqu’à une vingtaine de mètres. Il s’agit certainement d’une jeune femelle beaucoup moins grande que les mâles qui peuvent atteindre 3 mètres de haut. Je retourne finalement à Thor pour que Corinne vienne le voir et en profite pour changer d’objectif. Au bout d’un moment, il s’allonge pour ruminer certainement et je suis resté un long moment à l’observer. Cela fait partie de ces moments magiques que l’on avait rêvé en préparant ce voyage. Le lendemain matin, je suis à nouveau sur le trail dès 06 heures mais aucun orignal en vue. Par contre, le site regorge d’une variété de grenouilles qui ne croasse pas mais émet une bruit style un élastique que l’on tend puis relâche.

Il fait très beau et nous partons vers une autre promenade, Benjie’s Lake Trail que nous avions sélectionné, celui-là dans les bois amenant jusqu’à un lac. Juste avant d’arriver au lac, nous traversons une clairière et là, nous tombons sur un orignal un peu plus grand que celui de la veille, certainement une femelle également. Nous l’observons un moment, je la mitraille tel le Paparazzo moyen et nous continuons notre promenade. Une centaine de mètres plus loin, je vois sortir un orignal à quelques mètres de moi, je pense qu’il s’agit du même. Il s’arrête, me regarde et me reconnaît, je prends cette photo :

et là, il tourne la tête et voit Corinne qui est à une vingtaine de mètres derrière moi sur le chemin. Grosse panique en la voyant (ça m’a fait ça à moi aussi la première fois) et le voilà qu’il part au galop et traverse le chemin juste au-dessus d’elle. Alors comment vous expliquez, un orignal qui court… Avez-vous déjà vu un Danois ou Dogue allemand courir quand les 4 pattes partent dans tous les sens à se demander s’il va retrouver l’ordre pour les poser au sol sans se casser la figure et bien, l’orignal c’est encore plus ridicule… mais sur le coup, nous n’étions pas fiers.

La prochaine balade se nomme MacIntosh Brook Trail et longe une rivière qui mène jusqu’à une cascade. Petit trail tranquille même si un panneau à l’entrée indique que la zone est fréquentée par des Coyotes (petits loups) et explique la posture à tenir devant une attaque… Au final pas de coyote ni autre animal, petite balade sympa.

Le dernier Trail Black Brook Cove, longe une rivière qui dégringole la montagne puis bifurque pour passer le sommet de celle-ci avant de rejoindre et longer la côte de granit rose.

Il existe, bien sûr, de nombreuses autres pistes de toutes difficultés. Nos choix ont été faits en fonction de la longueur bien évidemment et par le fait que nous voulions voir les différents biotopes qu’offrait ce parc. Bien que la journée soit belle et les températures agréables, il reste des zones recouvertes d’un épais manteau neigeux, par endroit d’un bon mètre. L’extrême Nord de l’île abrite des villages de pêcheurs et la route rentre et sort du Parc National à plusieurs reprises.

Sur la route côtière, en redescendant vers une crique, nous avons été les témoins d’un spectacle assez inhabituel. Je ne sais pas trop comment appeler cela, peut-être des brumes marines. Toujours est-il nous avons vu arriver du large des nuages, brumes à basse altitude, caressant la mer et entrer à toute vitesse sur la côte, nous plongeant en quelques secondes dans un fog londonien. Comme au-dessus brillait un beau soleil, cette brume était particulièrement lumineuse et aveuglante.

Très belle région, très belle route panoramique et très beau parc que nous n’avons pas regretté de visiter bien que très excentrés.

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