Cienfuegos, la perle du Sud

Nous quittons la Havane en direction du Sud-Est par l’Autopista “A1” en direction de Cienfuegos. Pour notre premier arrêt, nous faisons une pause café à Australia Township. Cette ville tire son nom de son ancienne sucrerie dont il reste encore une grande cheminée. A l’époque, Cuba donnait des noms de continent à ses usines sucrières, Australie pour celle-là. Elle est également connue car Fidel Castro y avait positionné sa base arrière des opérations en 1961 lors de la crise de la Baie des Cochons. A l’entrée de la ville un grand panneau rappelle ce point historique.

Crocodylus rhombifer… le Crocodile de Cuba quoi !!!

Nous poursuivons notre route en direction de Guama et sa ferme aux crocodiles “Criadero de Cocodrilos”. La visite est assez rapide, nous pouvons voir des crocodiles et une nurserie. Nous montons ensuite dans des embarcations en direction d’une lagune. Nous longeons un très bel hôtel composé de bungalows en chaume sur pilotis en pleine nature, accessible uniquement par les eaux. Nous nous arrêtons dans un village indien reconstitué composé de huttes sur pilotis. Nous avons même été peints pour exécuter la danse de la joie. A l’issue une boisson nous a été offerte, il fallait au moins ça pour se remettre !!!. A midi, nous déjeunons au restaurant du site qui nous propose, moyennant un petit supplément, du crocodile sous forme de daube. C’était très bon. Étant un lieu très touristique, de nombreuses familles cubaines étaient présentes et le parking rempli de vieilles américaines en tout genre. J’ai pu faire de très belles photos à voir dans la galerie.

Bais des… Cochinos !!!

Nous reprenons la route en direction de la “Baya de cochinos”, Playa Larga et Playa Giron. A l’entrée de la ville, un panneau indique “ Playa Giron, la première défaite impérialiste en Amérique Latine “, le décor est planté. Nous nous arrêtons au Museo de la Intervención. Le musée retrace la journée du 17 avril 1961 au cours de laquelle 1500 “mercenaires” et exilés cubains entraînés par la CIA, débarquèrent pour renverser Fidel Castro. Ils ne s’attendaient pas à ce que des chars russes T-34 et des avions de chasse T-33 les accueillent. Après deux jours de combats aériens et terrestres incessants, les mercenaires se rendirent.

Devant le musée, le visiteur est accueilli par des vestiges de chars américains et un bombardier B-26 abattu par les Cubains. Cette visite a été l’occasion avec Ana de parler longuement de cet épisode dont je ne connaissais pas vraiment l’histoire et les réelles manœuvres étasuniennes.

Pour approfondir le sujet : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9barquement_de_la_baie_des_Cochons

Roulant en direction de Cienfuegos, nous remarquons au bord de la route, tout du long, un tas de ce qui va s’avérer être du riz. Nous nous arrêtons pour discuter avec les personnes qui sont en train de faire des petits tas et d’autres remplir des sacs en toile. En fait, la région comporte de nombreuses rizières et les producteurs utilisent le bord de la route, au final assez peu fréquentée, pour faire sécher le riz qu’ils viennent de récolter. Ils vident les sacs le matin et ramassent le riz en fin de journée.

Cienfuegos… la perle du Sud !!!

Avant de poser nos valises à l’hôtel “Jagua” nous passons par le centre ville historique, classé site du patrimoine mondial en 2005, une petite halte sur la plaza de Armas permet de découvrir un ensemble d’édifices qui offrent un très bon témoignage de l’architecture néocoloniale. L’hôtel est très correct avec une belle piscine. Situé le long de la magnifique Punta Gorda, il fait face à l’immense Baie de Cienfuegos qui est presque une mer intérieure. A côté se trouve le Palacio de Valle, une magnifique bâtisse du XXᵉ siècle, style mauresque, roman, gothique et vénitien, rien que ça. Transformé en hôtel restaurant nous y mangerons le soir, dans un décor très dépaysant.

Le lendemain nous retournons Plaza de Armas ou Parc José Marti où trône le héros national, José Marti. Omniprésent à Cuba, il est le plus grand martyr et l’apôtre de la lutte pour l’indépendance. Nous prenons le temps de flâner aux alentours, entièrement restaurés. La ville de Cienfuegos avec son port protégé par la baie possédaient de nombreuses industries, et a connue son heure de prospérité au XIX siècle, de très beaux bâtiments, Palacios bordent la place ainsi que la très belle Catedral de la Purisima Concepcion et un arc de triomphe qui honore les milliers de Cubains tombés pour la liberté de la Patrie lors de la révolution. Nous visitons le Teatro Tomas Terry qui est un peu français… La salle à l’italienne s’étage sur quatre niveaux et peut accueillir 950 spectateurs. Elle a la particularité d’avoir une enceinte intérieure entièrement en lamelles de bois orientables afin de permettre la circulation de l’air et baisser la température intérieure, ingénieux.

En 1863, Tomás Terry, richissime homme d’affaires qui a fait fortune dans le commerce d’esclaves et l’exploitation sucrière, offre 50 000 pesos au gouverneur de Cuba Juan de la Pezuela pour construire un grand théâtre dans sa ville de Cienfuegos, mais le projet n’aboutit pas. A sa mort, en 1886 à Paris, les héritiers de Tomás Terry décident d’accomplir son vœux de construire un grand théâtre à Cienfuegos. Ils placent à cet effet une somme de 115 000 pesos gérée par une société civile détenue pour moitié par sa veuve et pour l’autre par les autres membres de la famille1. Un concours est lancé et un jury français, constitué pour l’occasion, retient le projet de l’architecte militaire Lino Sanchez Marmol. La première pierre est posée le 19 décembre 1887, à l’emplacement de l’ancien théâtre Isabelle II, et les travaux se poursuivent jusqu’en novembre 1889. L’inauguration a lieu le 12 février 1890 en présence des héritiers venus de Paris. Sarah Bernhardt, Enrico Caruso et Anna Pavlova se sont produits dans le théâtre.

Ce n’est pas le seul témoignage français à Cienfuegos. Sur le Palacio de Gobierno, au-dessus d’un grand porche sont hissés deux drapeaux, le cubain et un autre ressemblant fortement au nôtre, composé de trois bandes verticales, bleu, blanc et rouge. Mais sur ce fond tricolore, quelques symboles ont été rajoutés. Dans le bleu, une croix qui rappelle la religion chrétienne, dans le blanc un blason, et enfin trois triangles rouges avec une étoile blanche au centre. En effet, la ville a été fondée par des immigrés français de Bordeaux et de Louisiane, dirigés par Louis de Clouet, colonel puis général dans l’armée espagnole, le 22 avril 1819.

Sur la place et pour la première fois, nous sommes abordés gentiment par des locaux qui nous demandent toutes sortes de choses comme du savon, des stylos, du maquillage… du luxe pour eux quand on sait que les magasins d’état sont vides de tous ces produits que nous appelons nous de consommation courante. Même si les Cubains sont les rois de la débrouille, l’embargo ne leur permet pas d’accéder au “superflue”. Même si Ana n’est pas intervenue auprès de ces personnes, on la sentait gênée par la situation.

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