Colombie 1


Colombie - Bolivar
7 Mar 2020 6 May 2020
Thierry 7 May 2020  -   -   -   -  Lecture ~ 17 min.
Le tracé représente notre parcours - 2015/16 - 2017 - 2018 - 2018/19 - 2019/20 - 2022 - 2023/24

Colombie 1

Cet article couvre la période du 07 mars au 06 mai 2020, au cours de laquelle nous sommes passés de l’Amérique Centrale à l’Amérique du Sud et avons visité la ville coloniale de Cartagena de Indias avant de subir un confinement de 50 jours en raison du Covid-19 et enfin, pouvoir rentrer en France.

07 mars

Après un vol rapide, nous arrivons en Colombie à l’aéroport de Cartagena de Indias. Les formalités, immigrations et douanes, sont rapides. Effectivement il y un panneau qui liste les pays “cibles” du Coronavirus mais la France y est étonnamment absente. Tant mieux. Visa de 90 jours accordé sans passer par la case examen médical. L’ensemble des démarches du transport maritime du véhicule a été retranscrite (voir la procédure complète ici). Nous prenons un Uber qui nous conduit à notre hôtel situé sur un cordon lagunaire, véritable station balnéaire. Nous passons devant la vieille ville entourée de ses remparts, c’est très beau. Il y a un vent assez fort et la mer est démontée. Notre hôtel est récent avec tout le confort. Une fois installés, nous sortons manger un morceau et prendre une nouvelle carte Sim.

Carthagène - [Colombie]

08 et 09 mars

Ce matin, nous prenons un colectivo pour visiter le centre de Carthagène où nous rejoignons Hervé, ce voyageur français solitaire que nous avons rencontré au Panama. Nous déambulons dans la vieille ville coloniale, magnifique, bien conservée et mise en valeur, c’est vraiment très agréable.

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Nous sortons des remparts pour rentrer dans le quartier Getsemani qui abrite de petites ruelles aux habitations très colorées, aux murs couverts de peintures, on passe un très beau moment. Nous prenons une pause dans un “Café” qui ne sert que du café, la carte est impressionnante et nous buvons, enfin !!!, un excellent café, très parfumé. Parce qu’il faut dire que, depuis le début de notre voyage, nous avons été très déçus du café, comme du chocolat d’ailleurs. Espérons qu’ici El Gringo n’a pas acheté toutes les meilleures récoltes et que nous dégusterons encore du très bon café par la suite.

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Nous finissons la journée au Château de San Felipe de Barajas, imposante citadelle espagnole qui domine la ville et surtout la baie.

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Normalement, Thor est arrivé ce jour au port et nous devrions pouvoir le récupérer demain. Ce qui n’est pas sûr car la compagnie maritime n’a toujours pas reçu le virement du Crédit Agricole, quelle banque de m…

10 au 13 mars

Ce matin, nous avons eu confirmation que la banque n’a, une nouvelle fois, pas réussi à faire le transfert, son boulot quoi… J’arrive enfin à les avoir au téléphone… c’est rock’n’roll, mais bien sur, ils n’y sont pour rien, ils relancent… Nous avons déjà perdu 12 jours. On apprend également que le bateau n’arrivera que ce soir… Du coup, on décide de changer d’hôtel pour se rapprocher du port où nous aurons de nombreuses démarches administratives à effectuer. L’hôtel est plus petit mais bien confortable et le personnel très sympathique. Le restaurant est agréable, menu du jour à midi et repas à la carte le soir.

14 mars

On repart visiter le centre-ville, on prend un taxi qui nous conduit jusqu’au Convento de Santa Cruz de la Pop implanté en haut d’une colline, la vue y est incroyable. Entièrement restauré, le cloître est superbe.

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

On décide de refaire un tour dans le centre historique,

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Pablo Escobart “El Patron” est toujours très populaire ici…

Carthagène - [Colombie]

En traversant le Parque Del Centenario nous remarquons, dans les arbres, plusieurs paresseux, en pleine activité dont une mère et son bébé, nous avons traverser de nombreux pays et parcs en espérant en voir de près, en vain, et c’est pratiquement en pleine ville que nous pouvons observer un très beau spécimen, ainsi que quelques singes Tamarins et iguanes.

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

Carthagène - [Colombie]

15 mars

D’après les informations que nous recevons ici, la situation concernant le Covid en France s’empire. Nous sommes surpris quand le président colombien annonce le confinement total du pays et la fermeture de ses frontières, alors qu’il n’est que faiblement touché pour l’instant. C’est un peu la sidération dans l’hôtel.

16 mars au 23 mars

Les journées s’organisent peu à peu, nous ne sommes plus que quelques clients dans l’hôtel qui est officiellement fermé. La propriétaire de l’hôtel, qui n’est pas sur place, s’inquiète pour nous et nous contacte souvent via les réseaux sociaux, elle nous assure que, bien que l’hôtel soit fermé, nous pouvons y rester le temps nécessaire. Peu à peu, nous voyons les employés partir, souvent en pleurant, ils nous disent au-revoir chaleureusement. Ils s’inquiètent pour leur avenir car la situation ici est bien différente qu’en Europe, pas de travail pas d’argent. On se demande comment les gens vont s’en sortir. Les rues sont partiellement vides alors qu’elles grouillent habituellement de personnes qui vivotent grâce à de petits boulots. On se dit que la situation ne va pas, ne peut pas perdurer… on se fait connaître auprès de l’ambassade de France à Bogota qui est très réactive. Quelques vols sanitaires sont organisés et les touristes français (plus de 3000 au moment du confinement) commencent à rentrer au pays. Seuls les avions sanitaires sont autorisés à se poser et décoller depuis la Colombie. Pour l’instant, on ne se pose pas trop la question puisque nous n’avons toujours pas récupéré Thor car notre banque est toujours à la ramasse, mes courriels et mes appels ne changent rien, ils sont dans le déni.

Nous ne sommes plus que 11 clients, 4 ouvriers de chantier naval cubains, 1 contre-maître naval du Guyana, deux couples argentins et nous deux. Le 21 mars, le cuistot de l’hôtel et les cubains décident d’organiser un BBQ sur le toit terrasse. On passe un bon moment, très convivial.

24 mars au 02 avril

Les Argentins ont enfin trouvé un avion de rapatriement pour rentrer à Mendoza via le Chili et les ouvriers du chantier naval nous quittent également et par la même occasion, la plupart des employés de l’hôtel. Il ne reste plus que nous deux et un couple d’employés, Augustina, Willman et leur chien Toni. Elle est la responsable des femmes de ménage et sera également notre cuisinière et son mari est l’homme à tout faire et gardien de l’hôtel. Corinne passe un peu de temps en cuisine avec Augustina et un échange culturel se met en place autour des fourneaux. Il faut dire que les repas ne sont pas trop variés. Nous avons le choix entre poulet, porc ou bœuf avec comme accompagnement riz blanc, patacones (bananes frites), un peu de crudités. Les colombiens boivent beaucoup de jus de fruits frais, c’est ainsi que nous avons découvert et gouté plein de fruits comme le Zapote, les tomates des arbres, Lulo, guanabana, Coroso, Nispero…

Les services de l’immigration passent à l’hôtel et demande à nous voir. Nous descendons à l’accueil avec nos passeports. Ils nous indiquent qu’en tant qu’étrangers, il nous est impossible de quitter l’établissement sous peine de graves sanctions dont la prison si nous ne respections pas les consignes. Ils se tournent ensuite vers les employés de l’hôtel et leur indiquent qu’ils sont responsables de nous. Ça casse un peu l’ambiance…

27 jours après ma demande de virement, Seaboard Marine m’indique qu’ils viennent de recevoir le paiement mais… la somme n’est pas exactement la bonne, il en manque une peu en raison des frais bancaires qui se sont multipliés. Je ne veux plus avoir à faire avec ma banque, je contacte Téa notre intermédiaire, transitaire, au Panama, je lui verse la différence via Western Union et elle porte l’argent directement au transporteur à Panama City qui débloque aussitôt la situation.

Le 25 mars, je décide de braver l’interdiction de sortie et je me rends au bureau de SeaBord pour récupérer le fameux sésame, le Bill of Landing, tamponné qui va me permettre de démarrer les démarches administratives ainsi que les clés de Thor qui nous attend au port depuis une dizaine de jours.

Le lendemain, je ressors et trouve un taxi qui me conduit à la DIAN, les douanes. Je ne suis pas tranquille car il y a de nombreux contrôles de police mais ils semblent ne pas contrôler les taxis. Une fois les documents renseignés, le douanier m’indique que toutes les autres démarches devront se faire par internet car les employés du port sont en télétravail, les choses se corsent et vont s’avérer très compliquées. Au final je fais appel à Ana, une intermédiaire qui s’occupe normalement des démarches pour envoyer des véhicules du Cartagena à Colon et qui est une connaissance de Téa. Elle prend les choses en main et se débrouille pour débloquer la situation. La facture du port pour tous ces jours où Thor a été bloqué au port est plus que salée mais nous n’avons guère le choix.

Le 2 avril, toutes les démarches sont terminées, nous allons enfin pouvoir récupérer Thor. Le matin il est “dépoté” du flat rack, non sans mal car aucun employé ne veut rentrer dans Thor en raison du Covid… Ana trouve enfin une personne qui accepte de conduire Thor jusqu’à la sortie de l’immense port. Elle vient me chercher à l’hôtel, je me cache à l’arrière de la voiture tandis que son mari en moto nous ouvre la route. Arrivés à l’entrée du port, nous attendons que Thor sorte, je prends rapidement la place du conducteur et nous rentrons promptement à l’hôtel. Willman est dans le coup et nous attend pour ouvrir le portail afin que l’on puisse mettre Thor à l’abri dans l’hôtel.

Thor est en pleine forme, aucun dégât, aucune effraction donc aucun objet volé, ce qui est déjà un miracle … il est juste recouvert de sel, un gros nettoyage s’impose…

03 avril au 06 mai

La période de doute commence, nous sommes en contact avec de nombreux voyageurs bloqués, confinés un peu partout aux Amériques et nous en sommes tous à se poser les mêmes questions, faut-il rentrer en France ? faut-il rester et attendre patiemment avant de pouvoir reprendre la route ? telles sont nos questions… L’ambassade de France organise quelques vols sanitaires avec Air France et KLM, elle a établi une liste des personnes prioritaires (personnes âgées, malades, médecins, infirmièr(e)s, familles nombreuses…). Vu le nombre de vol, nous ne sommes pas prêts de rentrer.

En attendant, les journées s’organisent, nous ne sommes pas à plaindre, nos conditions de vie sont très bonnes, surtout quand on connait celles des colombiens. Nous avons un très bon Internet, enfin disons que toute la bande passante est pour nous, nous avons le jacuzzi, la chambre est climatisée… Nous nous lassons juste un peu des repas qui sont redondants mais très bons. Nous sommes en contact avec Hervé qui a pu récupérer son “Van” plus rapidement que nous et qui a déjà entamé la découverte du pays. Il s’est retrouvé bloqué par le confinement, tout seul sur une plage et “joue” au Robinson Crusoé.

Au moment du repas, nous regardons les infos colombiennes, le nombre de cas Covid n’est pas énorme, 9 hospitalisations à Carthagène. Toutefois ils anticipent n’ayant certainement pas les capacités hospitalières pour encaisser un gros choc. L’armée delivre des colis dans les zones les plus reculées et les plus pauvres, des émeutes éclatent autour de Bogota. Par contre, ici, pas de problème de masques ni de gants, tout est disponible…

Au bout d’un mois de confinement avec nous, Augustina et Willman sont relevés et vont pouvoir rentrer chez eux. Ils sont remplacés par deux autres employés que nous connaissons déjà.

Toujours pas de place pour nous sur un vol de rapatriement organisé par l’ambassade. Le 29 avril, elle nous adresse un message nous disant qu’il reste quelques places sur un vol de rapatriement organisé par le gouvernement britannique, cerise sur le gâteau avec une escale à Cartagena de Indias. Oui il faut préciser que nous sommes à plus de 1000 Km de la capitale et que les taxis nous demandent une petite fortune pour nous y conduire. Le message précise que les premiers qui répondent seront les premiers servis. Nous nous consultons avec Corinne pendant au moins 5 secondes et prenons la décision de postuler… Nous sommes pris sur ce vol qui va nous amener jusqu’à Londres.

Ana nous trouve un lieu de stockage pour Thor, ce n’est pas la panacée mais il ne faut pas trop faire les difficiles vu les circonstances. La veille du départ, je demande aux services de l’immigration l’autorisation de quitter l’hôtel pour déposer Thor et nous rendre à l’aéroport, ce qui nous est accordé. L’ambassade nous fournit également un laissez-passer, ainsi que le document qui nous permettra d’entrer en Grande Bretagne. Moins de 24 heures avant le départ, les anglais nous signifient que nous ne pouvons rester que 24 heures sur leur sol, ce qui nous complique un peu la situation et nous oblige à prendre d’autres billets pour rentrer sur Paris.

Le 04 mai, c’est le jour du départ, je dépose Thor avec le mari de Ana qui me ramène à l’hôtel à l’issue, dans l’après-midi nous prenons un taxi qui nous laisse à l’aéroport, complètement désert, seul notre vol est programmé aujourd’hui. Contrôle sanitaire avant d’entrer avec prise de température puis nous sommes reçus par le consul de France à Carthagène qui nous souhaite un bon retour. Si, dans l’aéroport, les gestes barrières sont bien en place, on se retrouve tous entassés dans l’avion de la compagnie COPAN qui nous ramène sur le vieux continent après 50 jours de confinement strict.

Arrivés à l’aéroport de Londres-Heathrow, à notre grande surprise, aucun contrôle sanitaire, nous passons les différentes étapes et nous nous retrouvons à l’extérieur de l’aérogare. Nous avions peur de devoir passer 24 heures sur un banc en zone de transit international et finalement ce sera dans un hôtel tout proche. Le lendemain matin nous prenons un avion pour Paris, pas de contrôle sanitaire, la PAF nous donne une attestation pour pouvoir circuler dans le pays puis nous louons une voiture de location pour rentrer chez nous. Lors du survol des deux grands aéroports de Londres et Paris, nous avons pu observer des centaines d’avions bloqués au sol, on ne peut que s’étonner du peu de vols de rapatriement organisés.

Pour répondre aux questions souvent posées, tous les frais ont été à notre charge, hôtels, avions… Si les ambassades organisent des rapatriements sanitaires, l’Etat ne paie, ni n’avance, aucun frais, tout est à la charge des voyageurs. les termes de “rapatriement” ou “sanitaire” ne désignent que le fait que ces vols sont organisés entre les Etats et sont les seuls autorisés à pouvoir circuler et braver ainsi les fermetures des frontières.

Avec du recul, nous avons bien fait de partir car la Colombie n’a été déconfinée que le premier septembre… mais les frontières terrestres restent toujours fermées.

Un résumé de cette dernière partie de notre voyage en vidéo :